Pascale Chevreuille
Coach, pour une relation apaisée à l’argent
Présentation
« Je m’appelle Pascale Chevreuille, j’ai 60 ans et j’ai commencé mon activité en tant qu’indépendante en 2019. Je réalise des coachings, en lien avec l’astrologie et axés sur une relation plus apaisée à l’argent. »
Se donner du temps fait partie du respect de soi
On dit souvent qu’être indépendant, c’est gérer son temps comme on veut. Qu’en penses-tu ?
Je pense que gérer son temps est l’avantage principal d’être indépendant. Maintenant, tout est une question d’organisation. Personnellement, je suis une « lève tôt » : je suis au taquet entre 6h30 et 7h du matin. J’ai l’impression de gaspiller pas mal de temps sur les réseaux sociaux pour mon travail, parce que j’aime bien. Toutefois, j’ai un planning concret, une « to do list » que je respecte.
As-tu l’impression de respecter ton rythme et tes limites personnelles ?
Je suis très attentive au respect de mes limites et de moi-même. Je m’arrête souvent pour faire le point. Comme mon compagnon travaille à Bruxelles, je suis souvent seule à la maison. Cela me donne l’occasion de réfléchir sur ce qui a « foiré » et sur ce qui a bien marché. Je fais une remise en question très régulièrement.
Planifies-tu dans ton agenda des moments de pause et/ou de retraite, chez toi ou ailleurs ?
Cela se fait au fur et à mesure. Je vais rarement planifier une pause de 11h à 11h30, par exemple… J’ai l’intention de partir bientôt en randonnée dans le sud de la France. J’ai aussi décidé de faire un jeûne, expérience intéressante, que je n’ai jamais tentée. Se donner du temps fait partie du respect de soi et de ses limites.
As-tu des difficultés à concilier vies professionnelle et privée ?
Non. J’ai un compagnon qui est plutôt de bonne volonté. Donc, même si j’ai mon ordinateur sur les genoux et que je réponds sur les réseaux le soir, il ne rouspète pas. De plus, comme je n’ai plus d’enfants à la maison, c’est plus facile.
Tes agendas professionnel et privé sont-ils fusionnés ?
Oui, c’est plus facile. Je n’ai pas non plus une activité qui m’occupe 24h/24. Je peux interrompre mon travail quand j’ai envie ou quand c’est nécessaire.
La pleine conscience, pour gérer le stress
Quelles sont les situations qui, pour toi, génèrent du stress ?
Il y a quelques années, j’ai fait un burnout. Je travaillais dans une banque et j’ai été absente de mon travail pendant trois ans et demi. Ce qui m’a stressée à l’époque, c’était que mes valeurs n’entraient plus du tout en résonnance avec celles de mon employeur. C’était dans le cadre de mon chemin personnel, lié à mon âge et à mon évolution.
Le stress venait donc d’une perte de sens ?
Oui, je ne voyais plus le sens de mon travail. Cela a été une souffrance énorme de prendre conscience que j’avais vécu 20 ans sans me poser trop de questions, de voir pourquoi je m’étais engagée là et que je n’étais plus en phase avec ce choix. C’est le respect de son identité que de se dire, à un moment donné, je ne suis plus à ma place là.
Et dans ton travail actuel d’indépendante, qu’est-ce qui génère du stress ?
Aujourd’hui, le stress est lié aux clients. De ne pas en avoir, de devoir se démener comme un diable dans un bénitier pour se faire connaître. J’ai 60 ans et je sais que je ne vais probablement plus travailler pendant 10 à 15 ans. J’ai envie que mon affaire se développe, à la fois financièrement et sur le plan des valeurs : que cela corresponde à ce que je désire vraiment transmettre et apporter dans le monde d’aujourd’hui.
La recherche de nouveaux clients est donc une source de stress ?
Oui. Par exemple, si je mets une annonce sur les réseaux sociaux et que le retour ne répond pas à mes attentes, je me demande pourquoi cela ne marche pas. Pour rendre mon message plus percutant, je pense déléguer la communication à un professionnel. Mais cela signifie des coûts supplémentaires. Ces remises en question ne sont jamais très confortables.
Déléguer certaines tâches est donc une aide pour toi ?
A un moment donné, il est important d’accepter ses limites et de déléguer à quelqu’un dont c’est le métier. De plus, cela fait tourner le business des autres aussi. C’est un choix : « Est-ce que je continue à faire de la pub sur les réseaux sociaux ou est-ce que je m’adresse à un professionnel, qui va faire ce que je veux mais autrement, parce qu’il voit les choses d’un autre œil ? »
As-tu des difficultés avec la clientèle ?
Pas plus ni moins que d’autres. Il y a bien sûr la présence de la concurrence mais, il y a aussi le fait que je propose une thématique « taboue », qui est la relation à l’argent, thème quasi non-exploité en Belgique.
Une thématique audacieuse mais nécessaire ?
Oui, tellement nécessaire. Notamment, pour le public cible des indépendants : nombre d’entre eux ne mettent jamais le nez dans leurs comptes parce qu’ils n’ont pas envie de voir ce qu’ils ne maîtrisent pas. Beaucoup de petits indépendants ne mettent pas d’ordre dans leurs factures, hésitent ou ne se font pas payer, parce qu’ils sont mal à l’aise avec la tarification. Surtout, dans tous les métiers du bien-être, pour lesquels il est très difficile de tarifer des prestations.
Comment ressens-tu le stress dans le corps ?
Au niveau de l’estomac, du système digestif et je me sens perdue. C’est une boule au ventre.
Qu’as-tu trouvé comme moyens pour désamorcer le stress ?
J’ai commencé avec une professionnelle du « mindfulness », de la méditation en « pleine conscience ». Cette pratique invite à rester dans le moment présent, c’est-à-dire, à ne pas faire les choses automatiquement. Le matériel sur internet est infini : on peut trouver des méditations pour se rebooster après avoir mangé, pour être positif le matin, pour avoir de l’énergie, etc.
La crise sanitaire t’a-t-elle causé du stress supplémentaire ?
Le climat est anxiogène chez tout le monde, même si on essaie de prendre du recul. Personnellement, certaines choses me posaient sérieusement question. Question clientèle, mon goût pour la connectivité m’a fait passer cette période plutôt positivement : j’ai organisé beaucoup de webinaires, d’entrevues Zoom… ce qui m’a permis de passer un confinement relativement cool.
Du point de vue économique, le confinement a-t-il eu une incidence sur ton activité ?
Etonnamment, l’impact a été plutôt positif. Pendant le confinement, rencontrer les gens était forcément plus compliqué. La digitalisation (Zoom, vidéoconférences) m’a permis d’éliminer toutes les distances, le problème d’être à l’heure, de se garer, de prendre sa voiture, d’éviter les microbes…
Les gens étaient finalement rassurés de ne pas prendre de risque ?
Oui, cela a aboli les distances : je peux « rencontrer » des gens qui habitent à 60/80 km et cela ne pose plus aucun problème.
Marche, vélo et circuits courts
Pratiques-tu régulièrement une activité physique légère comme la marche, le vélo…?
Je pratique plusieurs fois par semaine de la marche et du vélo et je fais de la gymnastique avec des applications sur le net.
Pratiques-tu un autre sport, en groupe ?
Parfois du yoga, par internet. Cela me permet de ne pas être liée à des horaires et de les faire quand je veux et dans une durée qui me convient. J’adore aussi la nature.
T’arrive-t-il annuler une séance de sport à cause du travail ?
Il arrive que mon activité physique passe à la trappe mais cela ne m’empêche pas de la faire un jour ou deux plus tard. C’est plutôt un report.
La période de confinement a-t-elle eu un impact sur ton activité physique ?
Le confinement a amélioré mon activité physique : comme j’étais enfermée à la maison, j’avais besoin d’air. J’ai un podomètre et je vois combien de pas j’ai fait par jour. En mars-avril, je suis restée confinée et donc je n’ai pas fait grand-chose. Mais, dès que j’ai pensé que le Covid avait un côté un peu étonnant, j’ai été en balade beaucoup plus souvent.
Comment qualifierais-tu ton alimentation ?
Je la qualifierais d’équilibrée mais j’aime manger. Je sais que le sucre est mauvais pour la santé mais j’adore et je continue à en manger par plaisir. Je ne me prive pas mais j’essaie quand même de manger des produits de qualité, issus de l’économie locale, des circuits courts…
Quels sont les freins à une alimentation équilibrée ?
Parfois, manger bio, c’est quand même plus cher. De plus, avec le Covid, les prix des produits alimentaires ont fortement augmenté. Mais s’alimenter correctement ou pas, c’est un choix. Personne n’est obligé d’aller manger aux fast-foods plutôt que de se nourrir sainement.
Le confinement a-t-il eu un impact sur ton alimentation ?
Forcément oui, les circuits courts se sont organisés de façon plus intensive et donc j’en ai profité pour m’adresser davantage à des fermes et des ventes locales.
Comment se passe ton sommeil ?
Je prends toujours un somnifère car, si je n’en prends pas, je vais être embêtée. J’essaie de faire des méditations pour m’endormir mais je reconnais que les rarissimes fois où je n’ai pas mon somnifère, c’est un peu compliqué pour mon sommeil.
T’arrive-t-il de consommer de l’alcool ou du tabac (ou autres substances) pour évacuer le stress ?
Je ne fume pas et je n’ai jamais fumé de ma vie. L’alcool, je n’aime pas mais j’apprécie le vin. J’en bois tous les jours et, de temps en temps, à l’occasion, par exemple, de la « Tournée minérale », je décide d’arrêter de boire du vin pendant X jours. Je n’ai aucun signe de dépendance.
On n’en n’a jamais fini avec la confiance en soi
Ton parcours professionnel a-t-il eu une influence sur la confiance en toi ?
Sans doute. Avant d’être indépendante, j’ai donné des formations dans les compagnies d’assurances. A l’époque, j’étais timide et cela m’a obligée à oser me montrer, à être visible et, le cas échéant, à être interpellée, questionnée…
Et dans ton travail actuel, qu’est-ce qui influence la confiance en toi ?
J’y travaille constamment. Je suis déjà formée mais j’estime que l’on n’a jamais fini d’apprendre. Donc, je continue à suivre beaucoup de formations en développement personnel : coaching, méditation de pleine conscience… Avec la confiance en soi, on n’en n’a jamais fini. L’évolution de ma relation à l’argent m’a apporté énormément de confiance en moi.
La confiance en soi, c’est essentiel pour toi ?
C’est essentiel parce que, actuellement, il faut faire des vidéos, il faut être visible. La confiance en soi, c’est aussi une certaine discipline, le respect de soi et de ses limites : jusqu’où j’accepte d’être embêtée le soir ou le week-end, par exemple, pour répondre à des gens qui me posent des questions ? C’est la base de tout.
As-tu déjà connu un échec ou un succès dans ton projet ?
Je pense que l’on a une très mauvaise relation à l’échec dans nos pays, parce qu’il est considéré comme un faux-pas. L’échec peut être un raté si l’on n’en tire aucune leçon ou remise en question. En revanche, un échec peut être une source énorme d’apprentissage mais pour cela il faut y être ouvert.
Interview réalisée en 2020.